dimanche 31 mars 2013

La Haine pour Tous


Le bruit des bottes sur le pavé
Le son des voix dans la cité
La haine est en marche, elle sourit
Vêtue de rose comme une fillette qui grandit
Elle clame si fort la longue marche haineuse
Qu’elle ne s’entend même plus dans sa lutte rageuse
Barjot comme la tête de file
Comme une meute lorsqu’elle défile
Elle marche contre le monde
Elle écrase ce que l’amour féconde
Milles visages crachant comme des diables
Enfants-boucliers encaissant l’orage
Cachez-moi de la Haine pour Tous car elle en a après moi
Elle en a après nous, elle en après nos droits
Le rose de leur pancarte vire au rouge sang
Virulence de la violence en mouvement
Leurs mots sont des balles de plomb
Qui poussent des êtres dans un trou sans fond
Ce n’est pas le printemps qu’ils promettent
Ce sont les nuits glacées d’hiver qui menacent nos fenêtres

Droits de Femme


Ne me demandez pas d’être douce, ne me demandez pas d’être gentille
Ne venez pas me dire ce que je dois faire
Je suis femme avec ou sans talons aiguilles
Je n’ai pas envie que vous me couviez comme si vous étiez mon père

Je ne suis pas juste une chose, je ne suis pas juste une putain
Je sors tard le soir si je le veux, pas envie d’avoir peur
Je bois comme je l’entends, plus envie de m’inquiéter pour mes seins

Je suis libre et égale à vous
Je marche et je respire, je parle si je le désire
J’ai le droit de tout
Même si cela froisse votre bon plaisir

Si vous voulez des poupées, soufflez donc
Si tu me siffles dans la rue
Si tu me mets la main au cul
C’est mon poing dans ta gueule, le tarif pour tous les cons

Dis-moi agressive quand je revendique mon droit le plus naturel
Chienne de garde oui, car je mords ceux qui veulent me mettre un collier
Traite-moi de salope quand c’est ta domination qui est cruelle

Je suis libre et égale à toi
Je baise et je jure, tant pis si je hurle
Je jouis des mêmes droits
Même si cela te bouscule

Je ne veux pas de princes, je ne veux pas de casseroles
Des clichés et cases dans lesquelles j’étouffe
Comme celles et ceux qui brandissent ces banderoles
Vociférant pour sortir du gouffre

Je ne suis pas une succube, je ne suis pas née pour sucer
Dans la matrice du monde, je vois enfin les mensonges
Des données qui ont enregistrées notre soumission

Je suis libre et femme
Je vis et je meurs, comme n’importe quel homme
J’exige les mêmes droits
Même si pour cela je m’assomme 

samedi 30 mars 2013

Musique du Diable


Musique du Diable, musique du Diable
C’est ainsi qu’ils te nomment
Mots de haine et chants barbares
C’est ainsi qu’ils te voient
Effroyable ! – Voilà comment ils te traitent

Savent-ils seulement
Qu’au milieu de l’océan de peine qui était le mien
Tes mélodies étaient le phare qui éradiquait mes tourments ?
Ont-ils seulement effleurer ou soulever
Le voile de leurs préjugés ?

Que je me vêtisse de blanc ou de noir
Que le souffle me manque ou qu’il envahisse mes poumons
Là où ils fantasment le cri de la haine je perçois l’appel de l’espoir
Et ce chant des reines et des seigneurs
Appelez donc poison cet élixir qui nourrit mon cœur !

Craignez donc cette musique, elle est plus solide que vous
Son nom l’atteste, sur elle repose tout un monde
Tel un arbre au milles branches aux feuillages les plus fous
Sous lequel tous les êtres viennent se réunir
Et que même les haches de la bêtise ne peuvent entailler.

mardi 26 mars 2013

[Eternal] Ce qui est important


Lucy – T’es une vraie Bisounours, toi, en fait.

Nina – Pourquoi tu dis ça ?

L – Tu es contre tout les trucs qui dénigrent ou rabaissent certaines communautés ou catégories de personnes.

N - C’est normal, non ? Qui suis-je pour dire aux gens comment être et comment vivre ?

L – Oui mais tu es d’accord avec moi pour dire que les racistes, homophobes, misogynes, xénophobes et autres sont des cons finis. N’est-ce pas là une forme de rejet alors que c’est leur droit le plus élémentaire de ne pas aimer tel ou tel type de personnes ?

N - Si, c’est une forme de rejet car je dénigre leur haine ou leur peur parce que je ne la comprends pas.

L - Donc tu fais exactement la même chose qu’eux mais envers une autre catégorie.

N – En quelque sorte mais j’assume ce rejet car je ne peux comprendre des personnes qui refusent aux autres leur droit de vivre leur vie au nom de leurs propres préjugés. Je les rejette car ils hiérarchisent les humains selon des critères qui leur sont propres et au nom d’une logique qui m’échappe, je les rejette parce que leurs mots sont plein de haine brute.

L – Pourtant, tu m’as avoué que, quand tu étais gamine, tu étais persuadée que les hommes et les femmes étaient radicalement différents, que c’était bizarre d’être homo ou trans et que les populations se valaient pas.

N – Je le croyais car nous vivons dans une société où l’on nous impose des normes, où nous devons, une fois l’âge adulte atteint, rentrer dans la case qui nous a été attribuée. On nous fait comprendre qu’être dans la norme garantit le bonheur et la popularité, que c’est mieux d’écouter ce que nous dit la télévision et d’abandonner son cerveau dans un coin. En grandissant et en me rendant compte de mes propres différences, j’ai compris que cette base sur laquelle repose notre société était bancale car elle n’accorde ses privilèges qu’à ceux qui suivent sa loi.

L – Comme la religion ?

N – En quelque sorte. Tu vois, j’étais une fille mais j’adorais porter des treillis et des rangers, jouer aux jeux vidéos et au foot, rouler des mécaniques et tout ça. Je regardais les autres filles passer et je les trouvais belles et désirables, je regardais les garçons aussi. En fait, je me suis rendu compte que je me moquais totalement de leur enveloppe extérieure, ce qui m’attirait, c’était leur personnalité. C’était ça l’important, c’est quelque chose que nous possédons tous. Nous ne pouvons juger une personne que sur son existence et non sur son essence car il ne choisit pas cette dernière. Comment puis-je rejeter un homme noir alors qu’il n’a pas choisit cette couleur de peau ? Comment puis-je agresser une lesbienne alors qu’il n’y a rien de plus naturel que d’aimer quelqu’un, qu’il soit du même sexe ou non.

L – Et les trans ?

N – Figure-toi qu’il n’y a pas si longtemps que ça, je suis tombée amoureuse d’une transsexuelle. Extérieurement, c’était un garçon, il s’appelait Pierre. Longs cheveux châtains, grand yeux bleus, taille moyenne. Mais je l’ai toujours connu sous un pseudonyme féminin, elle s’était toujours déclarée femme et s’est toujours ainsi que je l’ai connu et que je l’ai aimé. Le jour où elle m’a avoué qu’elle était trans, je lui ai dit : « Oui, et alors ?  Ca n’a pas d’importance pour moi. Si tu es femme, alors sois femme, si tu es heureuse en te sentant femme alors c’est l’essentiel. »

L – Surtout qu’avec tes allures de mecs, tu aurais été mal placée pour la critiquer.

N – Ce n’est pas une question d’attitude ou d’allure. J’aimais cette personne et j’aimais le fait qu’elle soit heureuse, en tant que femme ou en tant qu’homme. Avant d’être un homme ou une femme, avant d’être un homo ou une lesbienne, avant d’être un noir ou un blanc, avant d’être Arabe ou Français, avant d’être de gauche ou de droite, tu es un être humain. Avec des valeurs, des sentiments, des rêves et des espoirs. Tu es un être humain et tous les êtres humains ont le droit au bonheur, sans avoir à subir discriminations ou questionnements. Ce qui importe, c’est ça, c’est le bonheur, rien d’autre.

L – C’est bien ce que je disais, t’es une Bisounours.

dimanche 24 mars 2013

Pourquoi je ne comprends pas ceux qui sont contre le mariage homosexuel...


Cela fait des mois, de longs mois, que le débat sur le mariage homosexuel a été lancé.

Cela fait des mois, de longs mois, que l’on se divise et s’invective sur ce sujet.

Comme toujours, dans un débat,  il y a ceux qui sont pour et ceux qui sont contre.
Généralement, je suis une personne assez ouverte d’esprit, qui aime tendre l’oreille vers l’un ou l’autre, histoire de me forger ma propre opinion et de pouvoir ensuite exprimer un avis un minimum réfléchi. Toutefois, dans cette histoire, je n’ai jamais réussi à comprendre ceux qui sont opposés au mariage homosexuel. Je n’ai jamais réussi à comprendre les prises de positions de Frigide Barjot ou Christine Boutin sur ce sujet, jamais réussi à comprendre comment des centaines de milliers de personnes pouvaient descendre dans la rue pour manifester contre ça. D’ordinaire, le mariage, les gens s’en foutent royalement. Y a des peoples qui divorcent au bout de deux jours, des gens qui divorcent et se remarient quatre à cinq fois… et alors ? Ce sont leur vie, me dit-on. C’est vrai, ce sont leur vie et leur choix et vous les respecter mais, expliquez-moi pourquoi, quand ce sont les LGBT qui viennent réclamer ce droit, il y a cette levée de boucliers incompréhensible, ce rejet farouche ? Pourquoi dire que c’est un vol ? Pourquoi dire que le mariage est le socle de la société française et de l’humanité ? En ce cas, les couples pacsés, en simple concubinage ou même les célibataires et les parents solitaires ne font pas partie de l’humanité ?
En vérité, j’ai toujours trouvé cela d’une hypocrisie crasse et malsaine. Cette loi ne changera rien dans votre existence, à vous qui êtes contre. Accorder ce droit aux couples et aux familles homosexuelles ne va pas vous retirer votre accès au mariage ou à l’adoption. Aucune escouade de gays ne viendra voler vos maris, aucune garnison de lesbiennes ne viendra embarquer vos femmes à la tombée à la nuit et aucun couple de méchants homos ne viendra vous dérober vos enfants pour les emmener dans l’effrayant monde cuir-moustache de la gaypride. La seule différence, c’est que vous verrez peut-être deux hommes ou deux femmes sortir marié(e)s de la mairie ou une famille homosexuelle faire ses courses le dimanche à l’Auchan du coin. En gros, ils feront exactement comme vous, ils jouiront des mêmes droits que vous, ils seront enfin des citoyens de premier ordre, comme vous.

C’est ça qui vous dérange, à mon avis.

Après, vous utilisez le meilleur bouclier qu’il soit pour défendre vos positions : les enfants. C’est vrai, on ne ment pas aux enfants, c’est que ce vous faites à longueur de discours mais comme vous êtes des adultes, ça passe.  Leur faire croire qu’il n’y a qu’un seul type de famille qui vaille la peine d’être reconnu (Papa/Maman/Enfant) et qu’une seule sexualité qui soit « normale » (l’hétérosexualité), c’est un peu comme le Père Noël ou la Fée des Dents, on vous brisera vos illusions quand vous serez grands, t’inquiète mon fils. Vous êtes fiers de les emmener avec vous à la Manif’ pour Tous de Tatie Barjot, vous les exhiber même, vous qui êtes les premiers à hurler que les enfants ne sont pas les objets des parents, des adultes, vous embarquer des gosses qui ignorent tout du débat et qui ne savent même pas de quoi il s’agit. J’entends dire que les homos ne sont pas fait pour élever des enfants, en gros, que leur sexualité les rend inaptes aux rôles de parents et qu’un gamin élevé par deux hommes ou deux femmes serait forcément malheureux et discriminé. En gros, vous utilisez l’homophobie pour empêcher des enfants d’être plus tard victimes d’homophobie, c’est logique, bien sûr… Vous invitez des pédopsychiatres, des spécialistes de l’enfant pour appuyer vos dires, parce que vous préférez cela plutôt que d’aller au cœur de ces familles homosexuelles que vous dénigrez et, quand un enfant d’homos prend la parole pour dire qu’il a été heureux auprès de ces homos de parents, vous ignorez son message, le critiquez même.

Ce dont vous ne vous rendez pas compte, c’est que votre vision de la famille, du mariage, de la France aussi, met au ban de la société des milliers de personnes. Pas seulement ces gays, ces lesbiennes, ces bis et ces trans qui veulent les mêmes droits que vous, pas seulement ces hétéros qui se rangent à leurs côtés pour défendre ces droits, mais aussi ces familles qui ne rentrent pas dans l’image que vous vous faites du noyau familial. Papa, Maman, Bébé. Exit les familles monoparentales, les orphelins, les gamins élevés par des parents autres que leurs géniteurs, les enfants adoptés, les fils et filles d’homos. On vous le dit, vos familles ne sont pas de vraies familles. La France est le pays des Droits de l’Homme, le pays où chaque citoyen naît libre et égal en droits, quel que soit son sexe, sa religion, sa couleur de peau ou son orientation sexuelle. Vous descendez dans la rue pour manifester contre le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels ? Alors vous luttez contre le droit le plus élémentaire de n’importe quel citoyen, vous luttez contre des gens qui veulent profiter des mêmes droits que vous. C’est la raison pour laquelle je n’arrive pas à comprendre ceux qui sont contre ça, parce qu’à mes yeux, vous refusez à d’autres vos privilèges, par peur ou par haine, parce que vous êtes persuadés d’incarner la « norme », parce que vos esprit sont fermés au monde qui vous entoure. Vous défilez dans la rue, citant parfois des textes religieux car certains d’entre vous sont encore bloqués au Moyen Age, vous cachant derrière votre foi, votre peur et votre haine. Vous interdisez à des hommes et des femmes qui ont le droit aux mêmes privilèges que vous de pouvoir les posséder.

Et c’est la raison pour laquelle je n’arrive pas à vous comprendre.

vendredi 22 mars 2013

L'Ecolier


Le studieux écolier
Assit devant son pupitre
Se demande pourquoi il ne peut pas respirer
Pourquoi il doit obtenir tout ces titres

Il travaille depuis des années
Connaît chacune de ses leçons
Il commence sa matinée
En rangeant ses livres dans son cartable en carton

Et lorsqu'il ouvre la porte
Il voit un homme plein de fausse sagesse
Lui crier d'une voix forte :
« Je viens te souffler ta jeunesse ! »

Le studieux écolier
Assit devant son cahier
Se demande pourquoi il ne peut pas oublier
Pourquoi il doit continuer

Il travaille depuis ses six ans
Connaît chacune de ses erreurs
Mais il se dit qu'il est temps
D'aller enfin vivre ailleurs

Et lorsqu'il ouvre la porte
Il voit un homme plein de fausse sagesse
Lui crier d'une voix forte :
« Je viens te souffler ta jeunesse ! »

Le malheureux écolier
Assit devant sa liberté
Se demande pourquoi il ne peut pas la caresser
Pourquoi il doit sans cesse reculer

Il cherche depuis sa naissance
A connaître chacune des saveurs
De la vie et toute leur importance
De pouvoir enfin ne plus compter les heures

Et lorsqu'il ouvre la porte
Il voit un homme plein de fausse sagesse
A qui il hurle d'une voix forte :
« Personne ne me prendra ma jeunesse ! »

jeudi 21 mars 2013

Rape Culture

Je vous conseille cet article qui évoque la culture du viol, écrit par Crêpe-Georgette.
Il est temps que cesse la honte des victimes de viols et d'agressions sexuelles, que cesse la culpabilisation perpétuelle de la victime à que l'on accuse d'avoir "chercher" le viol. Non, le viol, l'agression sexuelle, le harcèlement sexuel sont des actes intolérables dont les acteurs doivent être punis avec la plus grande rigueur, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Nous sommes dans une société où l'on habitue les filles à vivre dans la peur perpétuel du viol ou de l'agression, où on leur dit de ne pas boire en soirée, de ne pas sortir tard le soir, de ne pas s'habiller dans un style provocant... en vérité, nous forçons les femmes à se brider. Moi-même femme, bien que je sois plutôt masculine, j'ai grandi avec tous ces conseils, ces avis, ces précautions. Il est intolérable pour un être humain, homme ou femme, de ne pas pouvoir vivre librement, de toujours craindre la violence d'autrui, une violence dont nous sommes en aucun cas responsables.


C’est ta faute, chérie
T’as vu comment tu étais habillée ?!
Dis-toi que tu l’as cherché
T’avais qu’à pas sortir
T’avais qu’à garder ta laisse autour du cou
T’es sapée comme une putain
T’étonnes pas si y a un con qui te saute dessus
Parce que, vois-tu, aujourd’hui
Dans le viol, c’est toi la responsable
Sois belle et tais-toi, c’est juste un mauvais quart d’heure à passer
Faut bien qu’il se vide les couilles, sinon après, il est frustré
Si tu dis pas non, c’est que tu le désirais, avoue
La jupe trop courte, le décolleté version Grand Canyon
On s’en fout de tes larmes, on veut celles de ton agresseur
On s’en tamponne de ta peur et de celles de tes sœurs
On te jette ta honte au visage, on passe le baume sur le salaud
Mais c’est ta faute, chérie

[Eternal] La Nuit


J'ai froid... si froid...
Mon corps gelé n'osait plus trembler de peur de se briser. La neige m'entourait comme un linceul et les arbres au dessus de ma tête formaient le couvercle de mon cercueil. Mon cœur battait fébrilement, tentant de combattre l'épuisement et mon cerveau engourdi m'envoyait vainement des signaux de détresse. Les étoiles ricanaient dans le ciel noir qui m'encerclait et la Lune n'était pas là pour me rassurer.
La nuit entière était devenue ma tombe.
La Mort dansait autour de moi, sa longue faux traçant des lignes mortelles autour de mon corps immobile, m'emprisonnant dans l'effroyable attente du trépas.
Mais je préférais mourir plutôt que te pardonner.
Orgueil morbide m'interdisant la clémence, j'étais prête à sacrifier ma vie plutôt que de lâcher la vengeance qui me rongeait depuis des mois. J'avais perdu le combat face à toi, tout comme j'avais perdu le combat face à l'Amour et la Haine...
Je t'aime. Je te hais.
Je te pardonne. Je t'en veux.
Je refusais à mon cœur le droit de t'offrir la grâce de t'excuser de tes erreurs, tout comme je lui refusais le droit de te haïr encore pour ce que tu m'avais fait.
Sauf que tu m'avais vaincue. Et que cela te donnait le droit de vie et de mort sur ma personne puisque c'est ainsi que l'affrontement s'était scellé. Je gagnais, tu disparaissais à jamais de mon existence. Je perdais, tu m'arrachais à ma condition humaine pour me plonger dans l'esclavage.
Quel marché affreux...
Lorsque nous étions en train de nous déchirées comme des lionnes, j'ai songé au gouffre qui allait m'engloutir si tu partais à nouveau, j'ai songé à ta cruelle absence qui m'avait détruite ces six derniers mois, j'ai songé à l'oppressante solitude, j'ai songé à ton impérissable souvenir, j'ai songé que ton départ sonnerait ma fin.
J'ai songé et j'ai eu peur.
Tellement peur que même ton coup de grâce ne m'a pas suffisamment touché pour que je souffre mais je suis malgré tout restée clouée au sol. Parce que j'étais terrorisée à l'idée de te perdre à nouveau et que je ne m'en étais rendue compte qu'au pire instant. Tu avais gagné mais je n'étais pas sûre de vouloir te pardonner.

Mon corps s'enfonce un peu plus dans la couche glaciale, j'entends tes pas furtifs t'amener jusqu'à ma dépouille froide mais je ne lève même pas les yeux pour te regarder en face.
L'esclave ne doit jamais fixer son maître dans les yeux.
La Haine ne croisera jamais le regard de l'Amour.
Tu t'allonges à mes côtés dans mon tombeau de neige, ton corps brûlant se pose contre le mien et des frissons parcourent mon échine.

- Tu penses trop

Je tourne la tête. Tu souris avec tes lèvres fendues et ensanglantées, avec tes yeux noirs embués de larmes. Que je l'aime ce sourire, je l'aime comme on aime un ennemi. Tes cheveux d'ébène, trempés de sang, retombent sur mon épaule, l'hémoglobine coule encore sur tes mèches ténébreuses et se mélange à la blancheur de la neige ainsi qu'à ma crinière d'or terni.

- Je te hais.

Les mots avaient fuis hors de mes lèvres mais je ne les regrettais pas, ils étaient trop vrais pour cela. Tu éclate de rire, comme si mes paroles auraient été amusantes et banales :

- Dans ta bouche, cette déclaration sonne différemment.

Mon cœur se serre, blessé. Tu me connais trop, mes dires haineux sont des déclarations d'amour à tes oreilles et mes regards noirs pétillent comme deux pupilles attendries par ton sourire.

- Et si je te dis que je t'aime ? soufflai-je, presque avec ironie

Ton visage se rapproche du mien et, durant une folle seconde, mon pouls accélère au rythme de mon organe vital. L'envie brusque de plaquer tes lèvres contre les miennes me fait haleter et, lorsque ta bouche sur pose sur ma bouche, je bénis le froid qui m'empêche de t'emporter dans mes bras.
Notre baiser, le premier depuis six mois, a le goût sucré du désir et celui, enivrant, de la tentation. Tes doigts filent le long de mon visage, de mon cou, de ma poitrine, de mon ventre, de mes hanches. Mon corps figé s'incendia brutalement, irradiant chacun de mes sens, le souvenir de nos nuis d'autrefois m'envoie des échos assourdissant qui brisent les digues de ma rancœur défaillantes.
Mes mains se refermèrent sur tes courbes.

La neige recommence à tomber.
Mais mon tombeau solitaire est devenu un lit de débauche à tes côtés
Le couvercle de mon cercueil devint un drap de satin
Et le linceul prit la blancheur de tes mains.

La Mort dansait toujours autour de moi
Mais sa faux ne battre l'air autour de toi
La Vengeance courbe l'échine sous tes caresses
Et le Pardon s'allonge à nos côtés, plein de tendresse

Brûlons encore, moquons-nous du froid
Illuminons la nuit et brisons toutes les lois
Nos corps dominent les simples passions
Nos âmes jouissent de l'antique déraison.

Deux louves dansent ce soir là
Deux cœurs s'enfuient dans l'au-delà
La Haine et l'Amour s'étreignent dans les flammes.
Le Coeur Mort et l'Aigle Noir meurent dans les larmes...

mardi 19 mars 2013

Passé


Lorsque cent printemps auront piétiné ta vie
Et que, sur ton faciès, le temps aurait inscrit sa félonie
Tu observeras ton passé, songeras à ceux qui ont trépassé
En pensant que les années ont trop vite défilées

Tes mains ridées sur les photos noircies
Et l’éclat terni des rêves occis
Te chanteront les berceuses de ta lointaine enfance
Sous le grincement des violons de la Providence

Et le nouveau matin
Te rappellera qu’il n’y a plus de lendemain
Et que l’existence n’a qu’un seul chemin

Les fleurs se fanent une fois la nuit venue
S’éloignent de chaque instant vécu
Les hommes et leurs songes superflus.

lundi 18 mars 2013

Le Chant du Loup



Le chant de la nuit, à travers les bois, résonne
Le tambour du cœur animal s'affole
Donne le rythme de la chasse
Sous l'éclat d'argent, voilà où est ma place
Le souffle tendre du vent
S'accompagne d'un nouvel élan
En moi se glisse l'écho de la délivrance
C'est loin du chaos humain que ma vie commence
Je n'attendrais pas le matin
Pour parcourir ce royaume qui est le mien
Que l'Ours ait la force, le Renard la ruse
Leur légende s'éteint là où la mienne jamais ne s'use
Que l'Aigle ait la majesté et le Cerf la magnificence
C'est dans l'ombre que je nourris mon élégance
Je suis de tous les contes, de toutes les histoires
Je suis la Bête qui te fait craindre la nuit noire
Marchant aux côtés des Dieux et des Héros
Incarnant Ténèbres et Chaos
Je suis un Démon
Celui qui obscurcit ton imagination
Je suis Noblesse et Grandeur
Je suis Mystère et Douceur
Je suis celui que les hommes chassent
Car ils ne se regardent jamais dans une glace
Mon hurlement fend l'obscurité comme une lame
Ode à Lune, ma si belle Dame
Au Panthéon des créatures
Je suis celui qui possède les plus saintes écritures
De ma naissance à ma mort, de vie à trépas
Je suis un roi ici-bas
Que tu me tues ou que tu m'oublies
Le chant du Loup jamais ne pourra être détruit.

vendredi 15 mars 2013

Le combat des uns...

...est toujours celui des autres.


Le récent débat sur le mariage pour tous a été le théâtre de bien des déclarations ces derniers mois. Outre montrer l’homophobie latente de certains membres de la classe dirigeante française et la difficulté à offrir les mêmes droits à tous les citoyens, sans distinction de leur sexualité (un comble pour le pays des Droits de l’Homme, non ?), cela a aussi montré que les combats sociaux sont eux aussi hiérarchisés et casés. Le mariage homosexuel n’était pas une lutte importante pour certains, le chômage, la crise, la précarité grandissante étaient des sujets amplement plus intéressants que de savoir si deux gays ou deux lesbiennes allaient se passer la bague au doigt.

Il est parfois mal aisé de comprendre la raison d’un combat dans lequel nous ne sommes pas impliqués ou qui ne nous touche pas directement, au point que nous montrons parfois du dédain quand un militant nous parle de sa cause. Dire à un(e) féministe que son combat est moins important que celui d’un(e) chômeur/se revient à placer telle ou telle lutte sur un piédestal alors qu’en réalité, son engagement a autant de valeur que celui d’un autre et que c’est le droit le plus élémentaire d’un citoyen de désirer défendre des valeurs qui lui sont chères. 

jeudi 14 mars 2013

Le Divin Mensonge


Qui es-tu,
Toi qu'ils prient si fort ?
Toi qui porte milles noms et possède milles formes
Toi qui, jamais, n'apparais à ma vue

On m'a dit que tu te nommais Jésus, Allah, Yahvé
Que tu avais façonné le monde dans toute sa grandeur
On m'a dit que ta voix s'exprimait à travers ceux que tu avais désigné
Que ta volonté devait être faite même lorsqu'elle n'était qu'horreur

On m'a dit que tu aimais chaque être sur cette terre
Que tu défendais celui qui te priais et te vénérais
Mais tes élus mentent et ne propagent que la misère
Tu as ordonné les guerres et les massacres de ceux qui t'ignoraient

Ta Lumière n'a apportée que l'ignorance
De ceux qui te suivent aveuglément dans les carnages
De ceux qui pensent que tes paroles sont sacrées et sans offense
De ceux qui se tournent vers ces hommes qui se déclarent si sages

Dieu est un beau Diable
Dans la bouche de ceux qui propagent ses dogmes
Ne les entends-tu pas lorsque qu'ils te réclament
Après avoir souillés les esprits et les coeurs des hommes ?

Ils t'utilisent comme étendard de leur bassesse
Lorsque ce sont leurs mains qui tuent
Et leurs mots qui blessent
C'est toi qu'ils désignent comme l'auteur

Tes sujets sont des agneaux
Que des loups dévorent chaque jour
Sacrifiant ceux qui ne suivent pas leurs idéaux
Au Paradis, ce sont des dalles de sang qui recouvrent ta cour

Je ne peux croire, je ne peux croire
En un être tel que toi
Ils te font menteur et corrompu
Un destructeur caché dans sa noire aura

Que les tiens prient comme ils veulent
Qu'ils se battent tant qu'ils le voudront et se détruisent d'eux-mêmes
Qu'ils s'enfouissent sous des linceuls
Leurs épées n'ont portées que la haine



mardi 12 mars 2013

Il faut parfois s'arracher les yeux pour ne plus avoir d'oeillères.


J’ai 20 ans.
Je suis une jeune qui aime bien glandouiller sur Internet, soit pour jouer, soit pour découvrir des choses intéressantes dont personnes ne nous parle, que ce soit à la télévision ou dans les journaux. Depuis plusieurs mois, je me tourne de plus en plus vers des blogs et des sites où je découvre le quotidien d’autres personnes. Des personnes ordinaires qui plaquent sur la toile leur colère, ils ne s’indignent pas, ils revendiquent. Ces êtres que je ne verrais sans doute jamais de vie mais qui me touche malgré tout, des êtres qui m’apprennent pas mal de choses, qui me poussent à la réflexion, au point parfois de faire vaciller des convictions que je pensais ancrées au plus profond de moi.

Je n’ai jamais été une militante, étant trop lâche pour oser assumer mes opinions certainement. Toutefois, en grandissant, je remarque qu’il y a des choses qui méritent que l’on se batte pour elle et qu’il y a des gens près à risquer leur vie pour elles. Pour ma part, je suis plutôt « passive », écrire est ma manière de me rebeller, ma plume est un peu ma lame et je m’en sers de mon mieux.
Avant, je ne comprenais pas tous les combats, toutes les luttes. Il était pour moi naturel que chaque être humain, sans distinction de sa couleur de peau/religion/sexualité/autre trucs pouvant mener à la discrimination, puisse vivre libre et jouir des mêmes droits que les autres. Je suis un peu bisounours, je le reconnais mais comme la réalité du monde vous saute bien à la gorge quand vous quittez le doux confort du lycée, j’ai commencé à comprendre que, si le bonheur de chacun est primordial  à mes yeux, d’autres estimaient qu’il fallait répondre à des normes strictes avant d’avoir droit à quoi que ce soit. Je me renseigne donc, je réfléchis – au du moins j’essaie – je m’ouvre au monde et c’est souvent plus compliqué qu’il n’y paraît. Parfois, pour comprendre, il faut se faire violence, prendre deux pôles opposés et les frapper l’un contre l’autre pour se faire sa propre idée.

J’ai 20 ans et je dis aujourd’hui bonjour à la complexité perverse mais délicieuse de l’être humain. 

Funambule


Funambule, ne crains-tu pas de tomber
Là-haut, sur ton fil léger comme l’été ?
Ne connais-tu pas la gravité ?
Cette chose qui, au sol, nous laisse cloués ?

Funambule, dis-moi de quelle couleur est le ciel
Et si les nuages restent éternels
Ou bien si le vent les chasse comme le soleil
Pour un seul instant de chaleur providentielle

Funambule, raconte-moi ta nuit
Perché là-haut comme un oiseau de vie
Ne connais-tu pas la perfidie
De ceux qui vivent au bas de ton Olympie ?

Funambule, prête-moi de ta légèreté
Pour que je puisse à mon tour voler
Entendre le murmure du vent et le vide oublié
Je veux partager le fil de ta folie éveillée

Funambule, emmène-moi là-haut
Marcher vers des sommets nouveaux
Epouser, épouser les beaux idéaux
De ton univers au lointain flambeau

La Danse des Masques


Masque de sourires
Masque de soupirs
Masque de fer
Masque de terre

Sur la pierre de mon visage
Je trace à l'encre de sang le sourire sage
Je sculpte de mes envies la facette de mon image
Je dessine les contours de mes masques de passage

Apparences trompeuses mais si vitales
Souris en attendant que la douleur s'installe
Gomme les traits de ton visage pour y effacer le mal
Étouffe tes gémissements de souffrance derrière un masque de bal

Joue, petite enfant de théâtre, joue la comédie de la vie
Sculpte ta face au gré de tes envies
Mets-toi sur les yeux le voile de la folie
Cache aux yeux des autres la beauté de ton coeur infini

Bientôt viendra la danse.
Commencera la transe
Ces masques que l'on lance
Petite fille, tu tomberas de la balance...

lundi 11 mars 2013

A celui ou celle qui vient de me sortir du panier...

La chose sur laquelle vous venez de tomber est une pomme, noire en l'occurence, comprenez donc que la manger ne serait pas la meilleure action à accomplir. Remarquez qu'elle tire une drôle de gueule, la pomme. Elle grouille de vers, oh, pas des visqueux hein, même s'il y en a certainement qui sont à gerber et qui valent à peine mieux qu'un produit Findus. 
La vendeuse costaude qui vous vend ses produits n'a pas l'air très nette. Elle sourit gentiment comme une gourde mais ses rangers et son pantalon large vous mettent mal à l'aise, sans trop savoir pourquoi, tout comme son bracelet à clous qu'elle porte au poignet droit. Non mais, franchement, quelle tenue pour vendre des pommes ! Autant s'habiller directement en sorcière !

Néanmoins, comme la gamine a l'air un peu despérée que personne ne s'attarde sur ses fruits, vous vous dîtes que ça fait pas de mal d'aider les idiots, et puis cela ne vous empêchera pas de jeter la drôle de pomme dans la poubelle une fois passée la rue. Vous jetez un dernier regard au fruit, qui semble vous adresser le même sourire que sa vendeuse, un sourire qui à tout l'air de dire :

« Bienvenue ! »