jeudi 30 mai 2013

L'Encre et la Plume


Belle Dame, Plume gracieuse qui aspire mon essence,
Oserais-je encore réclamer une danse ?
Une dernière fois suivre le mouvement de votre plumage,
Et faire de ce poème, à votre beauté, un hommage ?

Beau Sire, Encre noire pour une force créatrice
Je succombe à votre supplique tentatrice.
Dansons ensemble un ballet mené par vos pas,
Et menons cet ouvrage de vie à trépas.

La feuille, lit de notre union,
Des pages et des pages relatant notre passion.
Guidée par une main ferme, vous dictez ma parole,
Traçant une piste où des rêves décollent.

Noir sur blanc, l’aveu de notre amour,
Inséparables pour les artistes qui nous usent jour après jour.
Sombre semence venant enfanter les légendes nouvelles,
Une lignée de mots, un héritage de phrase formant l’écriture et sa famille éternelle.

lundi 27 mai 2013

Impasse, toujours une impasse...


De quoi ai-je le plus peur ? De vivre ou de mourir ? Et si je fuyais, encore ?
Il y a tellement de choses que je cache à ma famille, par peur de les voir changer à mon égard, qu’ils ne comprennent pas. Accepteraient-ils ma bisexualité ou le fait que je sorte avec une transsexuelle polyamoureuse, le fait que je me sente si différente, si étrangère ? Je regarde ce monde, cette société et je me sens de plus en plus déracinée et affaiblie. Tu ne rentre pas dans le moule, tu te rebelles, tu proteste ? Tu es rejetée, dénigrée, montrée du doigt ! Sataniste, salope, cinglée, sale gouine !
Ce n’est pas pour soi que l’on a peur, que l’on doute de nos choix ou que l’on hésite à assumer certaines choses. C’est vis-à-vis des autres. Parce que l’on sait que l’on va nous observer, disséquer chacun de nos faits et gestes pour les commenter. Le monde est devenu ainsi, les hommes se tuent entre eux, ils massacrent ceux qui ne suivent pas la norme et, s’ils ne les tuent pas physiquement, ils les tuent socialement et mentalement. Et quand serons-nous enfin libres ? Libres d’agir comme nous le désirons, de penser comme nous le désirons, sans avoir à se justifier. Ne rêvons-nous pas tous d’un monde meilleur, d’un monde libre ? Si, bien sûr que nous rêvons…

Oh les délires naïfs et innocents d’une gamine de vingt ans qui à peur de la « vilaine société de consommation » ! A quand le psychologue et la camisole ? Il y en a des tas des comme toi, non ? Des blaireaux qui pleurnichent sur la misère du monde sans jamais rien faire, qui songe juste à vivre sur une île déserte ou à se tirer une balle !

Mais j’écris ! Voilà mon combat, je manie la plume mais est-ce suffisant ? Une plume peut-elle soulever une montagne et vous faire sortir d’une impasse ? Les gens peuvent-ils changer grâce aux mots, puis-je survivre grâce à l’écriture ?

samedi 25 mai 2013

Ailleurs et au-delà


Avez-vous déjà eu la sensation de ne pas être à votre place, de ne pas être là où vous devriez être ? N’avez-vous jamais eu le sentiment de ne pas être né-e à la bonne époque, au bon endroit… dans le bon monde ? Comme une sorte de spirale qui donne l’impression de ne pas être à votre place, même entouré-e et aimé-e, même lorsque vous correspondez au modèle du citoyen idéal, vous gardez ce sentiment persistant que vous ne devez pas être ici mais ailleurs.
Au fil des ans, ce sentiment se fait de plus en plus pressant dans mon esprit, il me hante et je ne me sens à ma place que lorsque je lis, lorsque je suis transportée dans un monde où la magie est bien plus présente. Suis-je folle ou trop imaginative ? Vais-je retrouver ma terre originelle un jour et découvrir enfin qui je suis réellement, à moins que je ne reste ici jusqu’à la fin ?
Je dois paraître bien folle à vous qui me lisez, vous devez vous dire que je suis encore l’une de ces idiotes qui passe trop de temps la tête dans les bouquins ou les jeux vidéos. Nan, c’est pas juste du rêve, c’est au-delà, c’est plus profond, plus intime. C’est une conviction. Depuis des années je cherche une porte, la porte qui mène vers cet autre monde. Je ne peux l’atteindre, alors je la dessine, je la façonne grâce à l’écriture et j’en fais un univers où chacun peut entrer à sa guise sans craindre le jugement ou le rejet.

vendredi 17 mai 2013

Tic-Tac-Tic-Tac


La semaine prochaine, je vais passer un test de dépistage du VIH.
Depuis mercredi – date à laquelle ma copine et moi-même avons décidé de faire ce test – je suis dans une angoisse constante qui me rend presque malade. Alors, depuis deux jours, je me renseigne sur le VIH et le sida, je lis des témoignages, je m’interroge sur le dépistage et sur la manière dont sont prises en charge les personnes séropositives. J’ai appelé ma copine tôt le matin, la réveillant deux jours de suite, pour lui faire part de mes peurs. Même en faisant attention, on ne sait jamais, même si l’on a aucun symptôme précis, on sait que ces derniers peuvent rester endormis pendant des années avant de se réveiller brutalement. Je n’en ai pas parlé à ma famille, ni à des amis proches, juste ma copine, entre nous, comme un secret douloureux. Elle est nettement plus sereine que moi, bien plus optimiste. Moi, j’ai peur tout le temps, je crains la mort mais encore plus ces maladies qui vous pourrissent la vie. Oui, on peut vivre avec le sida aujourd’hui, avoir une sexualité épanouie, une vie de famille et une existence des plus naturelles, tout cela grâce à la science… mais je ne peux pas m’empêcher d’avoir peur, si peur que j’en mange à peine, que je me réveille avec cette boule de stress infâme à la gorge et dans le ventre, au point d’en devenir fiévreuse. Tout cela n’est qu’une réaction dû au stress mais je ne m’empêcher de penser à ce qu’il se passera si jamais j’a le VIH, ou si jamais ma copine l’a.
Alors j’écris, j’écris parce que ça me vide, ça me relaxe, je regarde des séries et des films, je joue aux jeux vidéos en attendant la semaine prochaine tout en espérant que tout se passera bien et j’ai une pensée pour toutes ces personnes qui vivent avec le sida et qui peut-être me liront mais aussi pour celles et ceux qui doutent ou qui n’osent pas. Vous faire dépister peut vous rassurer sur votre sérologie et, si le résultat est positif, vous pourrez être pris en charge rapidement et bénéficier de l’aide nécessaire. En attendant, j’angoisse comme une folle… un peu comme dans l'épisode de Bref. où le héros attend ses résultats pendant  72 heures en imaginant tous les scénarios possibles, avec ce type derrière lui qui fait :

" Tic... Tac... Tic... Tac... "

jeudi 2 mai 2013

Le Bandeau Noir

{ Inspiré du clip College Boy, d'Indochine }



Mirage de tranquillité
Sur une mer tourmentée
La rouille du sang, éclat de beauté
Derrière l’illusion de vos yeux voilés
Sous le bandeau noir, rien n’apparaît tel qu’il est
Pas violence, pas de haine, pas de morts et de regrets
Fantômes de la réalité
Qui abandonnent les écorchés

Ne rien ressentir, ne rien subir
Ignorer les cris des martyrs
Se dire que tout est beau, que rien ne peut ternir
Oublier les appels de ceux qui vont tant souffrir
Rentrer dans les rangs de ceux qui ne veulent pas désobéir
La tête dans le sac, aucun regard à soutenir

Silence écrasant
Pire que la brutalité, l’impression d’un vide constant
La solitude qui s’enfonce dans la chair comme un fouet brûlant
Les cris de détresse, que personne n’entend
Personne n’arrache cette haine qui mord tel un serpent
Et vient la douce chute qui  fait ployer, lentement
Qui tend ce bandeau noir pour cacher les tourments
Voiler les blessures des uns et des autres, devenir indifférent

Faut-il être réellement brave pour se battre ?
Le bandeau noir ne rend pas plus fort, il laisse les victimes se débattre
Seules et sans secours, dans cette violence devenue cloître
Protégeant le silence au lieu de l’abattre
Derrière ce bandeau noir, tout n’est que spectacle
Lointain divertissement qui n’atteint pas notre habitacle

Le jour où le bandeau noir tombera
Arraché par des mains écorchées
Des larmes couleront en souvenir de celles qui ne sont pas tombées
En souvenir de tous ceux qui dans l’ombre ont été laissés
En souvenir de tous ceux que l’indifférence a condamnés.